En juin dernier, Martine Cornillet-Bernard a été élu présidente du Collège de la masso-kinésithérapie pour deux ans. Issue de l’AFRePP (Association française de rééducation en pelvi-périnéologie), elle milite en particulier pour la reconnaissance de l’expertise des kinésithérapeutes et la valorisation de leurs actes.
Le Collège de la masso-kinésithérapie (CMK), association indépendante fondée en 2012, « a été créé pour que tous les kinésithérapeutes puissent se retrouver, quel que soit leur exercice, qu’ils fassent partie de syndicats ou de sociétés savantes », explique Martine Cornillet-Bernard. « Son rôle est d’accompagner le développement de la profession, l’expertise des kinésithérapeutes et l’évolution de leurs compétences ».
Objectifs et missions
Le CMK est reconnu depuis plusieurs années comme le Conseil national professionnel (CNP) des masseurs-kinésithérapeutes, c’est-à-dire l’interlocuteur principal des pouvoirs publics et des instances gouvernementales : ministère de la Santé, Haute Autorité de santé et Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Dans ce cadre, il apporte son expertise professionnelle et travaille à l’évolution des compétences. « Aujourd’hui, le kinésithérapeute n’est plus un simple technicien. Son expertise professionnelle va bien au-delà », rappelle la présidente. Le bilan diagnostique qu’il réalise lui permet d’avoir une vision précise des difficultés de son patient afin de le prendre en charge ou de l’orienter, si besoin, vers un autre professionnel de santé. C’est le cas par exemple en présence d’un trouble vestibulaire.
Le Collège a aussi un rôle de surveillance épidémiologique : il est chargé de collecter, dans un registre remis à la DGOS, tout type d’incident survenu dans le cadre de la pratique de la kinésithérapie, au cabinet comme en milieu hospitalier. Cette mission est importante, à la fois dans un but d’amélioration des pratiques et pour l’ajustement des assurances professionnelles en responsabilité civile, qui seront forcément amenée à évoluer avec le temps, notamment dans le cadre de l’accès direct. En effet, dans ce cas, « la responsabilité du kinésithérapeute est particulièrement engagée », précise Martine Cornillet-Bernard.
Par ailleurs, tous les trois ans, le CMK est chargé de rédiger les fiches de cadrage déterminant les orientations prioritaires pour la formation continue des kinésithérapeutes, en lien avec l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC).
Enfin, le Collège organise un congrès, tous les deux ans, sur des sujets d’actualité. Par exemple, en 2024, nous avons échangé sur le travail en interprofessionnalité, avec d’autres CNP. En 2022, parmi les thèmes abordés, figurait la possibilité d’accès direct aux kinésithérapeutes dans le domaine des troubles vestibulaires ou musculosquelettiques, pathologies qui pourraient être concernées à l’avenir par cette modalité.* « Il s’agit d’un enjeu essentiel pour nos pratiques et notre travail en interprofessionnalité, afin d’optimiser les parcours de soins de nos patients », estime la présidente du CMK.
Les trois composantes du Collège
Le CMK comprend trois composantes : politique, scientifique et académique. Les syndicats forment la première : ils portent la voix et les revendications des kinésithérapeutes auprès de la Caisse primaire d’assurance maladie. La composante scientifique comprend une douzaine de sociétés savantes qui travaillent à l’amélioration continue des pratiques et de l’expertise scientifique. Depuis deux ans, le Collège intègre des kinésithérapeutes directeurs d’instituts de formation initiale, formant la composante académique du Collège. Enfin, le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes et le Conseil national des universités (CNU) sont membres de droit du CMK.
Le Bureau
Pour l’accompagner dans sa mission, Martine Cornillet-Bernard est entourée de quatre vice-présidents : Arnaud Barbier (Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs – FFMKR), chargé du numérique, Marine Bercy (Syndicat national des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs – SNMKR), responsable de la communication externe et de l’événementiel, Alexandre Rambaud (Société française des masseurs-kinésithérapeutes du sport – SFMKS), directeur d’un institut de formation en masso-kinésithérapie, pour la communication interne, et Jean-François Dumas, secrétaire général du Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK). Le CNOMK a en effet un rôle d’aval réglementaire et de validation des écrits produits par le CMK.
Le trésorier général de l’association est Jean-Marc Oviève (Société française de rééducation de la main – GEMMSOR), qui est aussi chargé de la commission d’exercice spécifique, assisté de Stéphane Fabri (FFMKR), trésorier adjoint.
Le secrétaire général du Collège, Hervé Quinart (Syndicat national des instituts de formation en masso-kinésithérapie – SNIFMK), fait partie de la composante académique du Collège. Vincent Renaudie (Société française de kinésithérapie vestibulaire – SFKV), secrétaire adjoint, travaille à l’information sur les différents modes d’exercice. Romain Besombes (Alizé), autre secrétaire adjoint, est chargé de la commission des registres épidémiologiques.
La présidente est elle-même chargée de la commission de la certification périodique, avec un important travail de construction des référentiels de formation continue.
Une vision pour l’avenir
« Le Collège prend sa place petit à petit et est amené à se développer. Son socle, c’est sa composante scientifique, c’est-à-dire les sociétés savantes qui portent l’évolution de la profession. Sa voix, ce sont les syndicats, qui défendent les revendications des kinésithérapeutes auprès des pouvoirs publics », estime Martine Cornillet-Bernard. Elle souhaite que chaque kinésithérapeute puisse s’approprier « l’outil CMK » dans un objectif d’information, d’échanges entre pairs, d’amélioration continue des pratiques et d’évolution des compétences. « Nous allons mettre en place une campagne de communication pour mieux faire connaître le CMK et son rôle, en abordant par exemple l’intérêt de la certification périodique, du registre épidémiologique ou des formations dédiées aux exercices spécifiques ».
Parmi ses objectifs, la présidente du CMK souhaite que les actes des kinésithérapeutes soient mieux valorisés. « Nous sommes enfermés dans une tarification, ce qui peut être dommageable pour le patient quand nous ne pouvons pas lui accorder le temps qui lui serait nécessaire », regrette-t-elle. De même, elle forme le vœu que l’accès direct se développe rapidement à l’ensemble du domaine de compétences des kinésithérapeutes. Les protocoles de coopération, l’exercice spécifique et sa valorisation sont deux autres axes qu’elle souhaite voir progresser.
Les modes d’exercice des kinésithérapeutes sont ainsi amenés à évoluer, avec une collaboration pluriprofessionnelle renforcée et une responsabilité élargie : « N’ayons pas peur d’y aller ! La politique de la chaise vide n’est jamais une bonne chose. Montrons que les kinésithérapeutes ont des compétences spécifiques et une place particulière dans notre système de santé, dans l’objectif d’améliorer la qualité des soins », conclut-elle.
Pour en savoir plus : https://www.college-mk.org/cdp-election-du-bureau-2024-du-cmk/, https://www.college-mk.org/
* La loi portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé permet, sous certaines conditions, de bénéficier de séances de kinésithérapie en accès direct pour tous les champs de compétence des kinésithérapeutes. Plus d’informations : Accès direct aux kinésithérapeutes – Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (ordremk.fr)
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