Cette spécificité de la kinésithérapie est dédiée au désencombrement des bronches et à la rééducation respiratoire, indispensables dans de nombreuses situations. Elle utilise des techniques manuelles et instrumentales pour améliorer la fonction respiratoire, dégager les voies aériennes et optimiser la capacité pulmonaire.
Deux grands types d’action : le désencombrement bronchique et la rééducation respiratoire
Désencombrement bronchique : le kinésithérapeute prend en charge l’encombrement des voies aériennes supérieures et inférieures chez le nourrisson, l’enfant et l’adulte souffrant d’une affection respiratoire aiguë (broncho-pneumopathie aiguë, virale ou bactérienne) ou de l’exacerbation d’une maladie préexistante chronique, comme la BPCO surinfectée.
L’objectif du désencombrement est de préserver l’hématose (échanges gazeux entre l’alvéole pulmonaire et les capillaires), donc le fonctionnement du poumon.
→ l’exemple de la bronchiolite : cette affection virale, qui disparaît d’elle-même en trois semaines minimum, a des conséquences sur la respiration du nourrisson, son alimentation et son sommeil. Le désencombrement rhino-pharyngé a pour premier objectif d’améliorer l’alimentation, donc d’éviter une perte de poids et une hospitalisation de l’enfant. Le kinésithérapeute enseigne aux parents à moucher et laver le nez du bébé, et à reconnaître les signes d’aggravation qui peuvent survenir rapidement.
Organisé pour assurer une permanence des soins en période épidémique, le kinésithérapeute endosse alors un rôle de vigie thérapeutique : devenant les yeux et les oreilles du pédiatre, il doit pouvoir prendre une décision avec ou sans le prescripteur, et gérer l’angoisse des parents. Il offre une alternative aux services d’urgences hospitaliers.
Rééducation respiratoire : le kinésithérapeute assure l’entretien, la restauration ou l’optimisation d’une fonction ventilatoire permettant la meilleure hématose possible. Il prend aussi en charge les conséquences fonctionnelles de la maladie respiratoire, en aidant le patient à refaire les gestes de la vie quotidienne.
A l’hôpital, le kinésithérapeute doit être disponible dans les services de réanimation pour assurer le fonctionnement du couple patient – respirateur (ventilation mécanique) et le sevrage du respirateur au réveil du patient.
Avant une opération, certains patients déconditionnés à l’effort peuvent être confiés au kinésithérapeute pour une pré-habilitation. En post-opératoire, il peut agir dès la salle de réveil pour le désencombrement bronchique, le sevrage de la ventilation voire la réhabilitation précoce pour limiter les conséquences de l’alitement. Pour les patients en soins de suite et de réadaptation (SSR), la prise en charge est respiratoire et fonctionnelle.
En cabinet de ville, la rééducation respiratoire répond à une grande variété de situations : récupération après une chirurgie thoracique, traumatismes thoraciques, pleurésies, pneumothorax, dysfonctions ventilatoires, BPCO, Covid long, affections musculo-dégénératives (myopathies) et neurodégénératives (maladie de Charcot par exemple).
→ l’exemple de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) : cette maladie insidieuse et évolutive est sous-diagnostiquée. Au stade des bronchites, le patient fumeur est souvent dans le déni et s’adapte (déconditionnement). Puis la BPCO s’aggrave et entraîne un encombrement quotidien, lequel peut évoluer vers un emphysème (destruction progressive des alvéoles pulmonaires), des hospitalisations pour exacerbation, la mise en place d’une oxygénothérapie.
Une prise en charge pluriprofessionnelle peut bloquer l’évolution de la maladie chez un patient motivé qui accepte le sevrage tabagique, un suivi nutritionnel et l’activité physique. Le kinésithérapeute assure alors la rééducation à l’effort pour améliorer la réponse cardio-respiratoire du patient, qui sera moins essoufflé.
Des techniques manuelles et instrumentales
Techniques manuelles : le kinésithérapeute utilise ses mains et la ventilation du patient. Les différentes techniques sont dites actives (patient autonome), actives aidées (avec les mains) ou passives (patient en réanimation, nourrisson ou patient inapte).
Techniques instrumentales : elles sont de plus en plus nombreuses.
Des outils pour le diagnostic mesurent le souffle du patient et la force de ses muscles respiratoires. Depuis plusieurs années, l’échographe est venu compléter la panoplie du kinésithérapeute.
De nombreux outils sont utilisés pour la prise en charge thérapeutique, selon la situation du patient : petit instrument ludique dans lequel il souffle ou inspire (génère un frein expiratoire ou inspiratoire), relaxateur de pression pour compléter la fonction respiratoire, appareil d’assistance respiratoire « in-exsufflateur », appareil connecté permettant de travailler le renforcement des muscles respiratoires, appareil d’aspiration mécanique pour le désencombrement (petit nourrisson, patient handicapé ou inapte).
Du matériel est aussi spécifique à la réhabilitation et au réentraînement à l’effort : tapis roulant, cyclo ergomètres, presses de musculation, espaliers, poids, ballons…
Où trouver un professionnel ?
Environ 1% des kinésithérapeutes exercent exclusivement la kinésithérapie respiratoire, ils sont généralement installés dans les grandes villes et ont suivi une formation spécifique (les titulaires du diplôme universitaire « kinésithérapie respiratoire et cardio-vasculaire » peuvent l’indiquer sur leur plaque professionnelle).
L’ensemble des kinésithérapeutes est habilité à pratiquer ces gestes.
Article réalisé avec l’aide de Didier BILLET, kinésithérapeute.
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