Du 12 au 17 juillet, une équipe de 11 kinésithérapeutes et d’étudiants en kinésithérapie ont accompagné Charly un trentenaire souffrant d’hémi parésie à la découverte du Mont-Blanc. C’était le rêve de ce jeune homme qui, lorsqu’il avait 15 ans s’est retrouvé, brutalement, hémiplégique.
Charly était un adolescent comme les autres lorsqu’il s’est retrouvé, après trois mois de coma, hémi parésique à la suite d’une rupture de malformation artério-veineuse congénitale.
Pendant dix-huit mois, Charly fut pris en charge par Thibault Carollo qui avait repris la patientèle de son prédécesseur parmi laquelle il voyait Charly trois fois par semaine.
Un défi entre potes devient un challenge humain
Dans le même temps, Paul Camuzat nouveau diplômé et Léo-Paul Farizon étudiant à l’IFMK de Dijon en Master 2 projetaient d’organiser un trek en montagne ; ils souhaitent ajouter une dimension humaine à l’aventure. L’idée d’accompagner une personne en situation de handicap a fait naturellement son chemin dans les esprits d’un kiné et d’un futur kiné.
A l’époque, Paul partageait son appartement avec Thibault Carollo. Il a évoqué avec lui son projet d’accompagner une personne handicapée dans une randonnée sur les pentes du Mont-Blanc.
Le projet de trek et l’envie de Charly de voir le Mont-Blanc se sont télescopés. Thibault en parle aussitôt à Charly qui s’enthousiasme pour ce projet.
Restait alors à l’organiser, ce qui a pris plusieurs mois.
A commencer par la constitution d’une équipe : ils ont rencontré et mené des entretiens auprès de nombreux candidats pour, finalement constituer une équipe de 11 kinés et étudiants en kinésithérapie. Il n’en fallait pas moins pour se relayer autour de Charly et l’accompagner dans son challenge. Un bon connaisseur de la montagne en la personne de l’oncle d’un des participants leur apportera en plus son expérience de la montagne et des pièges qu’elle peut receler.
Ensuite un important travail fut nécessaire pour finaliser les questions de logistique et définir l’itinéraire en prévoyant des solutions de repli pas top enclavée dans la montagne.
6 Jours de randonnée
C’est alors parti pour 6 jours de randonnée : une trentaine de kilomètres entre les Refuges de Moëde anterne et de Loriaz, 1500 m de dénivelé positif, un orage impressionnant comme cela peut l‘être en montagne, un changement de vallée, deux ascensions et deux points de vue différents sur le Mont Blanc…
« Il fallait tout le temps s’assurer que Charly se sentait bien et que nous étions tous en forme » se souviennent Léo-Paul Farizon, Justine Boucaud car même pour les accompagnateurs ce ne fut pas qu’une partie de plaisir. Notamment pour assister Charly dans ses déplacements en joëlette, ce fauteuil qui a permis de l’emmener sur le parcours : 1 ou deux personnes qui poussent, deux qui tirent et deux sur les côtés qui empêchent la joëlette de basculer.
Un voyage qui a parfois provoqué à Charly des douleurs dans les jambes. Mais les kinés étaient là pour le soulager.
« Concernant les soins, il n’y avait pas de gros soins lourds à prodiguer : il fallait juste faire la toilette, l’aider pour les transferts, pour se coucher s’assurer en permanence qu’il suive son traitement médicamenteux et, lui faire des étirements pour prévenir d’éventuels douleurs muscolo squelettiques » explique Thibault Carollo.
Dépasser le handicap
Charly dit avoir « adoré » les passages un peu plus compliqués même s’il a été un peu secoué et même si ce fut un peu difficile physiquement. Lorsqu’il a ressenti du découragement, son cousin Maxime qui revenait d’une randonnée sur le GR 20 a remotivé tout le monde.
Tous disent avoir vécu de beaux moments de cohésion et de solidarités et Paul Camuzat d’ajouter que « chacun a su s’adapter et trouver en soi les ressources nécessaire lors des passages difficiles. »
Ce qui au départ était une aventure amicale entre copains l’est bien sûr restée mais est devenue une aventure humaine un grand moment d’échange entre valides et handicapé au cours duquel tous se sont sentis liés comme une famille partageant des difficultés mais aussi moments de grande joie notamment lors des bivouacs qui ont beaucoup plus à Charly.
L’ambition des kinésithérapeutes et des étudiants était de montrer à travers ce challenge un aspect différent du handicap et de faire comprendre au public que l’on peut dépasser le handicap, partager des expériences et montrer une autre image des personnes à mobilité réduite.
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