Un récent rapport sur les politiques publiques en matière de prévention alerte sur le danger que représente la sédentarité, une « bombe à retardement sanitaire ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandait en 2017 de renforcer la place de la réadaptation dans les politiques de santé, notamment pour répondre au vieillissement de la population. Ainsi, la prévention doit être développée pour répondre efficacement aux défis de notre démographie nationale et de l’évolution des modes de travail. Il s’agit donc de poursuivre et d’intensifier les efforts déjà consentis.

Les kinésithérapeutes, professionnels du soin, mais également de la prévention, ont un champ d’action très large dans ce domaine qui va des troubles musculosquelettiques générés par l’activité professionnelle, à la prévention de la fragilité chez les plus de 65 ans, des troubles rachidiens chez l’adolescent, de la BPCO, des cancers et du tabagisme. Ils contribuent ainsi de façon décisive à la prévention de la perte d’autonomie.

Parce qu’ils passent, pendant des périodes souvent longues, beaucoup de temps avec leurs patients, les kinésithérapeutes nouent avec eux des relations durables et de confiance qui leur permettent de faire passer des messages de santé publique et de prévention.

D‘ailleurs si l’on en croit la définition que donne le code de la santé publique de la kinésithérapie dans son article L4321-1, « la pratique de la masso-kinésithérapie comporte la promotion de la santé, la prévention, le diagnostic kinésithérapique et le traitement : 1° Des troubles du mouvement ou de la motricité de la personne ; 2° Des déficiences ou des altérations des capacités fonctionnelles. »

La promotion de la santé et la prévention se situent donc, dans la pratique professionnelle de la kinésithérapie telle qu’elle est définie par le code de la santé publique, au même niveau que le traitement des pathologies et le bilan diagnostic, ce dernier étant un élément qui, s’il permet de déterminer la démarche thérapeutique à entreprendre peut également déclencher des actions de prévention.

Ajoutons que du fait de l’article R. 4321-63 du code de déontologie des masseurs-kinésithérapeute, elle constitue un devoir pour le kinésithérapeute puisque celui-ci « apporte son concours à l’action entreprise par les autorités compétentes en vue de la protection de la santé et de l’éducation sanitaire. »

Les kinésithérapeutes en sont bien conscients eux qui avaient largement participé à une enquête du Conseil national en 2018 sur la prévention. Ils avaient été 3 760 à y répondre et 96% d’entre eux étaient favorables à une extension de leur champ de compétence dans ce domaine principalement autour des règles hygiéno-diététiques.

Preuve s’il en est besoin que les kinésithérapeutes attachent une importance fondamentale à la prévention, on apprenait dans les résultats de cette enquête que près des deux tiers des praticiens interrogés « évoquent régulièrement avec leurs patients des thématiques de prévention (62%) », principalement avec les adultes (81%) et les seniors (79%).
La mobilité et les conseils d’hygiène de vie sont les thématiques évoquées le plus systématiquement avec tous les patients.

Enfin, l’accès direct au kinésithérapeute, dont l’expérimentation a été entérinée par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 est un autre facteur qui doit permettre de développer leur action en matière de prévention. L’accès direct au kinésithérapeute est en effet possible dans de nombreux domaines, comme l’activité dans le domaine du sport, de la prévention, du bien-être. Rappelons à cet égard que le diplôme d’Etat de masseur-kinésithérapeute permet à chaque praticien d’obtenir une carte d’éducateur sportif, et ainsi d’encadrer des activités physiques adaptées ou sportives.

Chaque fois qu’il communique auprès du public, le Conseil national fait la promotion du rôle que les kinésithérapeutes peuvent avoir en matière de prévention.

La prévention des troubles musculosquelettiques

A commencer par ce qui constitue entre autres le cœur de leur art, la prévention des Troubles musculosquelettiques (TMS), notamment au travail. Si les troubles liées à l’activité professionnelle sont aussi variés que multifactoriels, le kinésithérapeute est aussi bien partie prenante de la prévention que du traitement de ceux-ci.

Chute et troubles de l’équilibre chez les personnes âgées

On l’a vu, 79 % des kinésithérapeutes disent évoquer régulièrement avec leurs patients seniors des thématiques de prévention. C’est pourquoi, le conseil national participe régulièrement au Salon des seniors qui se tient chaque année au printemps porte de Versailles à Paris et y délivre des messages de prévention de la chute auprès des visiteurs mais également sur la rééducation et la prise en charge des troubles de l’équilibre.

A cet égard, la commission santé publique et démographie et Conseil national a élaboré un outil de dépistage par les kinésithérapeutes de la fragilité motrice chez les personnes de 65 ans et plus, vivant à domicile.

L’objectif de ces travaux est de développer la prévention primaire dans le domaine de la santé publique. Ils se composent d’un outil nommé le score fonctionnel de dépistage de la fragilité motrice et d’un guide expliquant son utilisation. Selon le score obtenu, des conseils, un programme de préservation des capacités locomotrices sont mis en place par le kinésithérapeute ainsi qu’une orientation vers le médecin traitant ou le gériatre des personnes entrant dans la fragilité.

Categories:

Tags:

Comments are closed

Évènements à venir